Les congrès médicaux en présentiel ont, durant des décennies, constitué une occasion privilégiée pour les scientifiques de partager les résultats de leurs recherches. Le SARS-CoV-2 a modifié cette configuration, entraînant l’annulation pure et simple des réunions en début de pandémie, puis leur timide réapparition sous forme virtuelle. Une formule qui demeure, au moment où ces lignes sont écrites, la plus répandue.
Force est d’admettre que cette formule comporte de nombreux avantages: économie des coûts liés aux déplacements, réduction de leur impact délétère sur le plan environnemental, accès aisé à toutes les données présentées, flexibilité… Que demander de plus?
La question est lancée par un groupe d’urologues, qui, dans un article paru cet été dans une revue-phare de la spécialité (1), s’interrogent sur les limites des réunions en distanciel: disparition de l’interactivité, tarissement des discussions et des débats, ralentissement des initiatives scientifiques, entrave à la mise en place de collaborations entre centres…
Poursuivant leur réflexion, les auteurs de l’article ont lancé une enquête sur Twitter, enquête qui avait pour objectif d’évaluer la motivation des scientifiques à soumettre un abstract destiné à une réunion virtuelle. Et les résultats sont clairs: la majorité des personnes interrogées reconnaissent être significativement moins enclines à faire part de leurs observations dans le cadre de congrès en distanciel. Ces derniers seraient finalement autant d’occasions manquées de diffuser les avancées scientifiques, de les partager avec des pairs, de susciter des réactions, bref de progresser.
Les experts en devenir seraient les premiers à pâtir de la situation: impossible pour eux de se familiariser avec les présentations devant un large public, d’apprendre à affronter les séances de questions et réponses, d’affûter leurs compétences d’orateur et leur capacité à interagir.
Il est probablement important de prendre en compte ces différents aspects à un moment où la vaccination contre le Covid-19 s’est largement déployée. La pandémie est peut-être une occasion de réfléchir à la manière dont les réunions scientifiques doivent être mises sur pied. Les signataires de l’article estiment à cet égard que les formules hybrides seront probablement les plus appropriées. Une option qui permet d’avoir aisément accès à toutes les informations utiles, tout en préservant la dynamique des contacts en présentiel, force motrice des avancées médicales.