Le cerveau utilise la gravité comme repère pour coordonner les mouvements des yeux et des mains, ressort-il d'une étude de l'UCLouvain publiée lundi. Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs ont comparé la gestion du mouvement sur Terre et dans l'espace, via des expériences menées au sein la Station spatiale internationale (ISS). Cette découverte permettra d'améliorer les techniques de rééducation, notamment après un AVC, mais aussi d'envoyer des astronautes pour des voyages de longue durée dans l'espace.
L'étude, publiée dans le Journal of Neuroscience, représente l'aboutissement de 21 années de recherches encadrées par les chercheurs Philippe Lef&e grave;vre et Jean-Louis Thonnard. Leur projet, financé par l'agence spatiale européenne, vise à analyser le contrôle du mouvement par le cerveau ainsi que le rôle joué par la gravité sur la préhension des objets.
Entre 2018 et 2023, 11 astronautes de l'ISS, dont le Français Thomas Pesquet, ont testé l'équipement de recherche de l'UCLouvain en orbite, puis de retour sur Terre.
Ces expériences ont révélé que lorsqu'ils avaient les yeux fermés, les astronautes en apesanteur déviaient systématiquement de leur trajectoire lorsqu'ils bougeaient la main. Les chercheurs de l'UCLouvain ont ainsi proposé l'hypothèse du "pendule inversé", selon laquelle le cerveau utilise la gravité comme repère pour coordonner les mouvements des yeux et de mains sur Terre. En l'absence de gravité ressentie, cette coordination est perturbée.
Les résultats de l'étude ouvrent dès lors la voie à des avancées médicales pour les patients atteints de traumatismes cérébrovasculaires. "La rééducation après un AVC implique des mécanismes cérébraux liés à l'apprentissage de la dextérité, et ces recherches UCLouvain pourraient aboutir à des thérapies plus efficaces", souligne Philippe Lefèvre.
Les conclusions de l'étude pourront par ailleurs servir de base à la préparation de futures missions d'exploration sur Mars, lors desquelles la manipulation d'objets représentera une question de survie.