Alors que l'antibiotique Clamoxyl IV n'est disponible que de manière limitée en Belgique depuis mars dernier, le PTB a demandé lundi que la ministre de la Santé publique, Maggie De Block, aille en justice pour forcer le géant pharmaceutique GSK à augmenter la disponibilité de ce médicament, une solution que récuse la ministre.
«GSK est légalement tenu d'assurer la continuité de la fourniture de Clamoxyl IV. C'est pourquoi le PTB exige que la ministre de la Santé déclare immédiatement GSK en défaut et l'assigne à comparaître dans le cadre d'une procédure sur la base de la loi sur les médicaments de 1964. La ministre peut aussi exiger de lourdes astreintes journalières tant que ce médicament reste indisponible», a affirmé la députée fédérale PTB Sofie Merckx dans un communiqué.
Le Clamoxyl IV, une poudre pour solution injectable et pour perfusion produite par GSK et dont le principe actif est l'amoxicilline, n'est disponible que de manière limitée depuis mars dernier en Belgique et cette situation devrait durer jusque fin 2019. En cause: une pénurie de matières premières qui contraint GSK à ne produire que 40% de la quantité nécessaire chaque année.
L'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) et l'Inami ont dès lors recommandé aux pharmaciens hospitaliers et aux médecins spécialistes dans les hôpitaux d'utiliser de manière rationnelle l'antibiotique.
«Ce médicament est le premier traitement approprié pour un certain nombre d'affections potentiellement mortelles, telles que l'endocardite (inflammation de l'intérieur du muscle cardiaque et des valves cardiaques), la méningite ou la septicémie chez les enfants, mais il n'est plus disponible depuis le 12 mars 2019», poursuit Sofie Merckx, qui juge «inacceptable qu'une multinationale comme GSK prenne les patients en otage de cette manière».
Pour la député PTB, qui est aussi médecin, il est clair que l'entreprise pharmaceutique «organise aujourd'hui la pénurie d'un médicament vital pour encore augmenter ses profits».
«Les pays voisins, comme les Pays-Bas, ont plusieurs marques et fournisseurs disponibles pour ce médicament vital. Pourquoi n'est-ce pas le cas en Belgique? Et que fera la ministre pour mettre à disposition et rembourser un certain nombre d'alternatives génériques en plus de la marque originale Clamoxyl IV-IM de GSK?», interroge encore Sofie Merckx.
Pour remédier à la pénurie actuelle, le PTB exige que les pharmaciens hospitaliers puissent importer de l'amoxicilline IV des pays voisins, comme les Pays-Bas, et que la ministre récupère le prix de revient auprès de GSK par voie légale.
Le PTB en profite pour demander un changement dans la législation, «de sorte qu'en cas de pénurie, il soit plus facile d'introduire des alternatives satisfaisantes à partir de l'étranger, qui seront ensuite également remboursées par l'Inami».
Selon la base de données de l'Agence fédérale des médicaments, près de 500 médicaments à usage humain sont actuellement indisponibles. L'indisponibilité peut être temporaire et due par exemple à des problèmes de fabrication ou être la conséquence d'un arrêt de la commercialisation.
Le cabinet de la ministre de la Santé a nuancé lundi l'appel du PTB.
Des mesures ont déjà été prises et l'AFMPS suit la situation de près, selon le cabinet de Mme De Block (Open Vld).
L'AFMPS a par exemple diffusé des directives sur l'usage rationnel du Clamoxyl et le recours à des alternatives. Ester en justice ou exiger des astreintes n'aidera pas à résoudre la pénurie, selon le cabinet.
La ministre dément également que les variantes génériques du Clamoxyl ne soient pas remboursées. «Ce n'est pas correct: les variantes génériques du Clamoxyl IV ne sont pas commercialisées en Belgique», a-t-on souligné de même source.
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