Le neurobiologiste français Michel Jouvet, pionnier de la médecine du sommeil et auteur du concept de "sommeil paradoxal", lors duquel ont lieu les rêves, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 91 ans, a annoncé sa famille mardi à l'AFP. La découverte en 1959 du "sommeil paradoxal", sorte de troisième état du cerveau, avait ouvert la porte sur un domaine entièrement nouveau puisque auparavant, seuls deux états étaient censés exister, le sommeil et l'éveil. Le prix Nobel de médecine décerné lundi a couronné un domaine de recherche proche de celui de Michel Jouvet: il été attribué à trois généticiens américains spécialistes de l'horloge biologique et de l'adaptation du corps au cycle du jour et de la nuit. Interne en neurologie à Lyon (sud-est) dans les années 50, il séjourne aux Etats-Unis pour se former et débute ses recherches sur le sommeil. Il étudie l'activité cérébrale d'animaux durant l'éveil et le sommeil, en leur plaçant des électrodes. "Je me suis rapidement rendu compte qu'il y avait, à côté des phases de sommeil dit lent (déjà décrit), des périodes d'activité rapide qui ressemblaient à l'éveil alors que l'animal ne semblait pas éveillé", racontait-il à la presse en 2014. "Il a mis en évidence le fait que cet état était associé à une atonie musculaire et l'a différencié du sommeil lent en montrant que c'était un état en soi. Et c'est lui qui a nommé le sommeil paradoxal", a indiqué à l'AFP Pierre-Hervé Luppi, l'un de ses successeurs au sein du Centre de recherche en neurosciences de Lyon. Michel Jouvet est également l'un des scientifiques à l'origine du concept de "mort cérébrale", dont il avait décrit les signes électroencéphalographiques en 1959. |