Résumé: Cet article fait un point rapide sur les connaissances concernant 5 facteurs permettant de booster l’immunité en cas de virémie: bonne qualité de sommeil, d’alimentation, exercices physiques modérés, hygiène de vie et évitement du stress. L’objectif est de réfléchir à un confinement plus intelligent, car plus actif, et donc plus protecteur.
La prise en charge des infections virales de base sur notre immunité humorale et cellulaire.
Il nous est manifestement difficile de contrôler la pandémie de la Covid-19, au point qu’un reconfinement nous est imposé pour plusieurs semaines. Ceci est évidemment nécessaire pour limiter la vitesse de contamination et surtout le nombre de cas sévères qui surchargent de travail des valeureux soignants dans nos structures hospitalières quasi saturées. Mais est-ce suffisant pour contrôler ce coronavirus, qui circule manifestement bien plus que l’on ne croit! incapables que nous sommes de le voir!
Pour éclairer notre réflexion et essayer d’être plus efficaces, partons de ce que nous connaissons de la prise en charge des infections virales. Celles-ci sont généralement contrôlées par notre immunité à composante humorale (anticorps…) et cellulaire (lymphocytes T…). En cas de déficit (temporaire ou prolongé) de notre immunité, nous pouvons faire appel à l’immunothérapie, soit passive (via vaccinations…), soit active (via des médications ou techniques immunomodulatrices comme la cortisone, l’hydroxychloroquine…). Notre immunité de base s’appuie sur notre génétique (toujours difficile à modifier pour l’instant) et sur notre excellent état de santé caractérisé par un bon sommeil, l’exercice physique, une alimentation équilibrée sans déficit vitaminé, et une bonne hygiène de vie et l’absence de dépression nerveuse. A l’inverse, les pathologies, toujours affaiblissantes qu’elles soient brèves ou chroniques, méritent d’être bien soignées pour éviter tant que possible, un retentissement négatif sur l’immunité. Les fréquentes polypathologies de la personne très âgée sont d’autant plus délétères, alors que les enfants et jeunes adultes, en bonne santé générale, sont mieux protégés. Passons en revue ces 5 facteurs de bonne santé immunitaire:
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Le sommeil: Depuis plusieurs années, on sait qu’un bon sommeil ‘booste’ notre immunité. Outre que notre hormone de défense, le cortisol, voit sa sécrétion démarrer dans la seconde partie de la nuit (1), diverses études cliniques ont démontré respectivement qu’un sommeil non efficient et un sommeil de moins de 7 heures engendrent, chez des volontaires de 21-55 ans, un risque d’état grippal multiplié par 5.5 et 3 (2). De plus, le manque de sommeil peut réduire l’efficacité d’une vaccination, par exemple contre l’hépatite B (3).
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L’exercice physique: Depuis les publications de Simpson (4) et de Nieman (5), il est devenu irréfutable que l’exercice physique régulier, modéré en intensité (durée 20 minutes à 1 heure; à 60-70% de capacité aérobique sur base de la vitesse maximale aérobique cf calcul de VMA ou Vitesse Maximale Aérobique) (6) est utile à se forger une meilleure immunité et avoir un effet anti-inflammatoire, réduisant le risque d’infection. En effet, l’exercice physique d’intensité modérée stimule transitoirement le système nerveux sympathique adrénergique, et ses neurotransmetteurs agissent sur des cellules immunitaires pour réguler la sécrétion de cytokines, et augmenter le nombre de polynucléaires neutrophiles, de monocytes ainsi que de certains lymphocytes type NK (Natural Killer), et améliorer leur fonctionnalité (7) entraînant une amélioration des défenses immunitaires. Cependant, on observe un effet inverse lorsque l’activité physique devient trop intense. On observe ainsi une courbe en J pour la relation entre la quantité d’exercice et le risque d’infection entre autres des voies respiratoires supérieures (5). Ce domaine de recherche est tellement vivace qu’une revue est née pour y concentrer des publications spécifiques: Exercise Immunology Review.
L’exercice physique d’intensité modérée stimule transitoirement le système nerveux sympathique adrénergique, ce qui entraîne une amélioration des défenses immunitaires.
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L’alimentation équilibrée bien vitaminée: pour soutenir l’immunité, il est important d’éviter toute carence en vitamines A, B, C, D et E , ainsi qu’en minéraux et oligoéléments comme le fer, le magnésium, zinc, sélénium… (8). Par exemple, la vitamine D a été récemment mise en évidence comme importante pour mieux résister aux formes sévères de la Covid-19 chez 186 patients atteints d’une infection sévère par la Covid-19. Les taux moyens en 25-OH-vitamine D sont significativement plus faibles dans le groupe Covid-19. La prévalence de carence en vitamine D définie par un taux inférieur à 20ng/ml est aussi accrue dans le groupe Covid-19 (9). De plus, le déficit en vitamine D était plus marqué chez les patients avec un CT scan pulmonaire pathologique, mais ceci était surtout marqué chez les hommes. Il semble bien en effet que parmi ses fonctions au plan immunitaire, la vitamine D à > 30ng/ml atténue protège les voies respiratoires et diminue la réponse inflammatoire (excessive) initiée par les virus avec impact pulmonaire, et particulièrement la décharge cytokinique spécifique. Ces données doivent encore être confirmées: cependant, d’autres études internationales signalent que la pandémie frappe plus durement des pays où la prévalence des carences en vitamine D est élevée (10). Les auteurs souhaitent donc attirer l’attention sur une raison supplémentaire de corriger la déficience en vitamine D, retrouvée dans environ 40% de notre population, d’autant que cette correction est facile et peu chère!
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L’hygiène de vie: Bien entendu depuis les travaux de Pasteur, l’hygiène de vie, par ses mesures de nettoyage régulier du corps surtout des mains, le port de protection type masque, la distanciation, la bonne conservation des aliments, portés au besoin à température suffisante..., est un facteur majeur de la conservation d’une bonne immunité: on peut ainsi éviter les poux, parasite, bactéries, virus…! En rue, le port du masque nous protège aussi de la pollution, de fumées, de toxiques… Le lavage plus intensif des mains et l’arrêt des embrassades permet de réduire aussi l’incidence des rhumes, états grippaux, gastro-entérites, bronchites… (11)
Il faut aussi tenir compte de notre prévention en santé qui nous pousse à bien vérifier nos facteurs de risque vasculaire et particulièrement notre poids, pour éviter, par des mesures appropriées toute surcharge pondérale, d’autant que l’obésité est clairement un facteur de sévérité lors de l’atteinte par la Covid. Il est en est de même pour notre fonction pulmonaire (tabagisme, pollution…).
De plus, on observe récemment que les quartiers plus populeux (avec promiscuité), plus pauvres, plus réduits en présence médicale… comme le quartier Saint-Denis à Paris, présentent actuellement une surmortalité importante à la Covid-19.
Le lavage plus intensif des mains et l’arrêt des embrassades permet de réduire aussi l’incidence des rhumes, états grippaux, gastro-entérites, bronchites… -
Stress chronique et état dépressif: Clairement, les données récentes confirment un effet délétère pour notre immunité du stress chronique et de sa complication majeure, la dépression. Les mécanismes par lesquels ceci s’explique commencent seulement à être élucidés. D’une part, les récepteurs β-2 adrénergiques stimulés par les neurotransmetteurs/hormones du stress, noradrénaline et adrénaline, agissent sur ces cellules immunes, particulièrement en diminuant l’efficacité de certains lymphocytes comme les NK, réduisant dès lors la résistance du corps vis-à-vis des virus entre autres (12-13). Par ailleurs, l’élévation du cortisol, première réponse efficace en cas de stress aigu ou subaigu, devient nocive avec le long terme du stress chronique (14-15).
Le citoyen mérite mieux que ce simple confinement, mais plutôt un auto-confinement plus intelligent et dynamique, en lui donnant les informations et les moyens de booster son immunité, pour se protéger mieux!
En résumé et pour conclure, on pourrait retenir facilement ces 5 règles d’or qui assurent les bases de notre immunité: un bon sommeil, de l’exercice physique régulier mais modéré en intensité, une bonne alimentation vitaminée, une bonne hygiène de vie ainsi que de santé, et enfin éviter le stress chronique. Malheureusement, ceci n’est pas à l’ordre du jour dans le confinement qui nous est imposé actuellement: il réduit nos sorties, particulièrement nos activités de plein air, il favorise un déséquilibre pondéral à la surcharge, et crée surtout un stress chronique (voire la dépression), par le blocage de nos activités distrayantes mais même professionnelles pour certains, la variabilité des mesures contraignantes et l’incertitude à long terme. Le citoyen a l’impression que l’on a décidé de le mettre à l’abri, pour soulager les structures hospitalières et pour postposer son éventuelle future infection vers une probable troisième vague.
Le citoyen mérite mieux que ce simple confinement, mais plutôt un auto-confinement plus intelligent et dynamique, en lui donnant les informations et les moyens de booster son immunité, entre autres par ces 5 principes. Ainsi, il pourra mieux résister à tout contact avec le virus – ce qui reste imprévisible quoique l’on fasse - et avoir une santé de fer pour éviter à l’avenir toute hospitalisation, surtout en soins intensifs, ce qui rejoint totalement et dépasse même les buts du confinement actuel. A quand, un discours politique et d’experts qui irait dans ce sens pour convaincre de valoriser la santé de toute la population: un discours qui serait donc perçu comme positif plutôt que négatif, valorisant plutôt que déprimant!
Le citoyen redeviendrait un acteur de sa santé et de celle des autres plutôt qu’être ‘sévèrement mis sous cloche’, bien sûr pour le bien des malades et des soignants en pleine souffrance et surcharge de travail, mais cela dure depuis bientôt un an sans amélioration, que du contraire! Bien entendu, le citoyen doit faire preuve de discipline individuelle et collective, pour allier le bénéfice social de l’auto-confinement et le bénéfice personnel sur son immunité.
Alors chers politiciens… réveillez-vous! à quand votre sursaut, pour éviter de nous parler tristement de votre confinement de la dernière chance!! Bien sûr, il y aussi un travail d’éducation de la population dans la vie de tous les jours: là nous avons au moins cinq ans de retard sur les populations asiatiques, échaudées par des épidémies relativement récentes et assez limitées à leurs pays, que nos ministres de la santé n’ont pas voulu voir venir malgré les informations disponibles comme les conférences de Bill Gates (qui a largement participé, avec le Rotary International à l’éradication mondiale du virus de la polio, et s’est impliqué dans la lutte contre le virus d’Ebola…) disponibles depuis mars 2015 (et c’est toujours le cas). Allez voir sur Youtube! Je vous conseille ‘The next outbreak. We’re not ready!’ (8 minutes 30). Et 32 millions de vues, seulement!
Tout y est dit…c’est à pleurer de rage et de désespoir que des gens compétents ne soient pas écoutés par nos responsables politiques et les experts virologues internationaux! J’ose espérer un changement de cap! Bon courage à tous et toutes en attendant impatiemment la vaccination spécifique et l’immunisation collective!