L'organe anti-torture du Conseil de l'Europe s'est inquiété mercredi, dans un rapport sur les prisons en Allemagne, du manque de soins psychiatriques dans certains établissements et du recours à un isolement trop long de détenus.
Dans ce document, le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), organe du Conseil de l'Europe, exprime ses "graves préoccupations concernant la prise en charge psychiatrique des personnes détenues" dans les prisons de Bayreuth (sud) et Gelsenkirchen (ouest).
Ces deux établissements accueillent des détenus atteints de graves troubles psychiques, mais la présence de psychiatres lors de la visite de la délégation y était "clairement insuffisante", note le comité dans son rapport, ajoutant que les directions des deux prisons avaient "beaucoup de mal à transférer les détenus atteints de troubles mentaux aigus dans un environnement thérapeutique approprié".
Le CPT juge également "particulièrement préoccupant" le fait que plusieurs détenus placés à l'isolement "pour des périodes prolongées dans les quartiers de haute sécurité" des prisons de Celle et Lübeck (nord) souffraient de "troubles psychiques sévères et persistants et ne pouvaient pas être correctement pris en charge en prison".
Le Comité recommande aux États régionaux de Bavière, Basse-Saxe, Rhénanie du Nord-Westphalie et Schleswig-Holstein "de revoir les dispositifs actuels d'hospitalisation des détenus atteints de graves troubles mentaux afin de garantir" leur prise en charge "dans un environnement thérapeutique approprié".
La délégation du CPT s'est également rendue dans deux centres de psychiatrie légale, à Hambourg et à Uchtspringe (nord) où elle a noté un recours assez fréquent à l'isolement, "parfois pendant plusieurs semaines, voire des mois durant".
Parmi les autres problèmes relevés par le CPT : la "contention mécanique" lors des gardes à vue, manifestement encore utilisée dans plusieurs États fédéraux allemands, ou encore les mineurs qui peuvent toujours être interrogés en l'absence d'un avocat ou d'une personne de confiance.
Parmi les points positifs, le CPT dit n'avoir reçu "aucune allégation de mauvais traitements physiques infligés délibérément par des policiers". Dans les prisons, les violences entre détenus ou venant des surveillants "ne constituaient pas non plus un problème majeur".
Parmi ses principales missions, le CPT visite des lieux de privation de liberté dans les États membres du Conseil de l'Europe, vigie des droits humains sur le continent européen basée à Strasbourg, afin d'évaluer la manière dont les personnes retenues ou détenues sont traitées.